CORRESPONDANCE 5

A raconter : dialogue de l'orme et du pâtre

« Après bien des années d’absence, je le vois revenir sur le chemin de ses 17 ans. Il emprunte l’allée qui mène à l’ancienne cour de ferme puis ses pas le conduisent au-delà du muret, jusqu’à moi.
Devancé par son chien devenu aussi vieux que lui, dit-il, il ancre son pas dans le cher sol retrouvé ; l’avant-bras posé sur son bâton de berger, il marque chaque pause d’un regard sur le paysage ou sur les arbres, autant de repères pour ses yeux fatigués.
S’arrêtant à ma hauteur, il redresse sa silhouette usée du temps à cheminer dans les sentes herbeuses de la vie et me dévisage en silence de la tête au pied.
Je ne suis pas bien grand malgré mon grand âge : 15 à 18 mètres dû au fait de la foudre qui m’a meurtri ; en témoigne, dissimulé par l’abondance de mon feuillage frémissant et des branches habillées de mousses et de lichens, un moignon central de bois mort dressé comme un doigt vers le ciel ; s’y abrita une chouette hulotte… ; mon écorce est ravinée et présente de multiples excroissances abritant la vie, lierre terrestre, coprin noir d’encre, insectes et oiseaux.
Attentif à ma présence, l’homme ravive un souvenir et m’adresse ces mots : "A l’abri de ton ombre bienveillante, le jeune pâtre que j’étais confiait son troupeau tandis que je m’attardai à prendre le café à la ferme en compagnie des métayers."

Texte inspiré par le témoignage oral, recueilli en 2000, de Monsieur Renard, dernier berger de Bérinzenne.

Une erreur s'est glissée dans la légende de cette carte postale, la voyez-vous?


Histoire d’arbre : connaissez-vous cette maladie de l’orme, la graphiose ?

Déclarée en Europe en 1918, cette maladie cryptogamique appelée la graphiose, a été causée par un champignon parasite vivant dans les vaisseaux des ormes et se nourrissant de sève élaborée ; elle a décimé les ormes d’Europe occidentale, puis ensuite, ceux d’Amérique du Nord.
Cette épidémie a été propagée par des coléoptères appelés scolytes qui se nourrissent de bourgeons d’orme et dont les larves vivent sous l’écorce. A ce jour, aucun traitement chimique n’a réussi à éradiquer la maladie.
Seul rescapé d’une espèce décimée dont ceux qui embellissaient l’allée du Parc de 7 Heures à Spa au 19e siècle, l’orme lisse de Bérinzenne a sans doute échappé à la maladie grâce à son isolement et son éloignement d’autres ormes, espèces plutôt rares dans la région péri-fagnarde. En 2020 il offre encore ses fleurs rosées à la ronde du printemps !

A NE PAS RATER
size="20" maxlength="50" value="Enter Search..." onfocus="if(this.value==this.defaultValue) this.value='';" onblur="if(this.value=='') this.value=this.defaultValue;"/>
Facebook Crie