CORRESPONDANCE 4

A raconter : l'Anémone sylvie

En ces temps-là, au mois de mai, une petite divinité des bois se prit à aimer le Vent du sud qui, quand il se trouvait fatigué, se nichait dans sa chevelure ; arbres et rosée la nommèrent Anémone, Amie-du-vent ou Animée-par-le-vent.

Hélas, Flore, la déesse toute puissante, en fut jalouse et elle métamorphosa en fleur la petite divinité qui fut condamnée à s’épanouir en avril au moment où la bise froide règne encore sur les bois.
C’est pourquoi dès qu’un souffle de vent se lève, l’anémone s’agite, bouge, cherche, puis, voyant que ce n’est pas son ami, mais le dur Boréas, elle s’affaisse, désolée et pâle, décolorée, presque flétrie.
Parfois, cependant, dès le mois d’avril, le vent du sud trompe la surveillance jalouse de Flore ; il se faufile entre deux courants froids, descend sur l’échelle de soie d’un rayon à l’aube et, un matin, il est là.
Observez l’anémone alors : sa corolle légère a retrouvé son éclat, sa clarté, son équilibre.
Le Vent du sud et l’anémone se donnent des baisers sans fin puis un gros nuage amène un courant froid, le cher souffle tiède est attaqué de flanc. Finis les beaux moments, les amours furtives de l’anémone et du Vent du sud au mois d’avril.

     

       Image par Bente Jønsson de Pixabay                      Image par Kranich17 de Pixabay

Texte adapté du conte écrit par Marie Gevers, écrivain belge, dans son livre, l’herbier légendaire, Editions Stock, 1991.

A NE PAS RATER
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